Un Halbreich de poésies

Un Halbreich de poésies

Si je mourais là-bas... (Apollinaire)

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Poème de Guillaume Apollinaire
Musique de Jean Ferrat
Interprété par Jean Ferrat

 


 

Si je mourais là-bas sur le front de l'armée

Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée

Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt

Un obus éclatant sur le front de l'armée

Un bel obus semblable aux mimosas en fleur 

 

Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace

Couvrirait de mon sang le monde tout entier

La mer les monts les vals et l'étoile qui passe

Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace

Comme font les fruits d'or autour de Baratier

 

Souvenir oublié vivant dans toutes choses

Je rougirais le bout de tes jolis seins roses

Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants

Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses

Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

 

Le fatal giclement de mon sang sur le monde

Donnerait au soleil plus de vive clarté

Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde

Un amour inouï descendrait sur le monde

L'amant serait plus fort dans ton corps écarté

 

 

Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie

__Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie

De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur __

 Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur

Et sois le plus heureuse étant la plus jolie

 

O mon unique amour et ma grande folie

 

 

                              30 janvier 1915, Nîmes

 

 



24/03/2008
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