Un Halbreich de poésies

Un Halbreich de poésies

Rue des Abysses


 

 



Je me baladais rue des Abysses
Il était quatorze heure quarante
L'alerte au smog venait d'être levée
Et la mémoire d'avant hier lavée
Jusque là que du banal
Le noir environnant
Illuminait l'absence des mots
Dans ma main
La main de mister B
Un pantin solitaire
Qui bute comme moi
Sur les choses établies
Comme sur les pavés déchaussés
Il y en avait trois rue des Abysses
Nous les primes tous
 
          ***
 
Mister B n'existe pas
Il n'est qu'une institution sempiternelle
Qui ne passe avec rien
Un reflet qui me balade
Par où ça l'amuse
Par où ça amuse
Par où ça nous amuse
On s'amuse avec mister B
Et ce n'est pas qu'un hasard
Si son patronyme rime
Avec un plan du même nom
 
            ***
 
Nous n'avions pas rendez vous mister B
Veuillez lâcher cette main
De toute façon
Je n'ai jamais aimé
La ville du fond des eaux
Au fond des eaux
Les fenêtres pleurent
Il en coule des délices parfumés
Ainsi nous marchions à l'ombre
Nous couvrions un terrain vide
Et penses-tu
que nous marchons sur les mains
Me lance l'inexistant goguenard
 
               ***
 
J'avais beau connaître et reconnaître
Les paramètres de cette cité absurde
-Une ville au fond des eaux-
Je me perdais encore dans ses méandres
Me ruant comme un cheval borgne
Entre ses brancards
Des sérails abandonnés
Des palatins
Sonnant des glas imperceptibles
Des nuées bourdonnantes s'échappant
Par où c'est ouvert
Vers leur destinées pesticides
Dernières abeilles impériales
S'en allant rejoindre
Quelque terre brûlée
Où elles avaient écloses
Cent jours au paravent
Qui bourdonnaient ferme
 
            ***
 
Pour mieux goûter l'instant
Nous fermâmes les yeux
Sauf l'oeil gauche de mister B
Qui ne se fermait plus
Depuis un certain oracle
Une oeillade un certain jour
Fragile incertain
Troisième oeil délivré
Par un supposé druide
Ou que sais-je
 
        ***
 
De toutes leurs colonnes
Tremblaient des temples grecs
Mais le vent d'hiver
Soufflait en chantant
Doux et mystérieux
Un refrain sucré
Fais moi confiance
Moi qui t'aime
 
        ***
 
Pour couvrir ces vingt dernières brassées
Nous avions mis du temps
Maintenant nous pouvions
Tenter la gageure
Répondre à l'écho
De nos propres pas
Un sonar du fond des âges
Devenu radar à la claque
Au fond des eaux
C'est là que j'affectais de me promener
Tiré à quatre épingles
Sans jeux de mots amers
Si bien cravaté
Par l'enfer à repasser
 
          ***
 
C'est à peu près là
Que les lumières habitées
Se firent rares puis disparessantes
Soudain le froid
En dehors de moi tout était froid
Mais implacable pesanteur
Était-ce toi
Difficile de concevoir
Un ascenseur vers l'ultime
Mais j'imaginais qu'il m'emmènerait
Au centre de la terre
Pour une balade sur le noyau
Voir dans un ailleurs meilleur
Il n'y en avait sûrement pas
Pour longtemps à creuser
Nous en étions plus proche que quiconque
 
             ***
 
Tête brûlée en quatrième
En cinquième je pêchais le poisson
Mais c'était le poisson d'or
Maintenant je suis un homme à branchies
Quadrature du cercle
Tu me tiens serré
 
             ***
 
Qui va gober ces mots
Saison du matin tendre
Saison du soir est-ce toi
Si ce n'est toi
C'est donc ton frère
Saison du soir des mondes
Un arc-en-ciel un insurgé
Moi qui n'ai pas appris à lutter
Contre des nuages bas
Crois le mister bizarre oui
 
           ***
 
Ici le pont des soupirs
Quand je considère l'inconsidérable
Là une petite garce qui pleure
Quand je décide de ne plus y penser
Une petite bonbonnière
Une porte qui grince
Regarde tout brûle
La main tremble quand je décide
De ne plus y penser
Balade c'était ma dernière certitude
-Faux- même pas
 
          ***
 
Il était une fois la mer
Dans la mer était un lac
Frais paisible plat étrangement
Un cygne sur ce lac saignait immatériel
Et cette déroute immaculée sur mon chemin
Je veux parler d'une rose
Qui transcende le matin
État glorieux d'un cygne
Défiguré transfiguré
Et voilà une prédiction qui prend forme
Nous n'avions jamais été superstitieux
 
             ***
 
Ami si tu veux vider ma vie
Fais le par le goulot
A la croisée des univers
Qui sans se presser ondule
Il semble qu'un vent solaire
Pourrait se lever
Tout autour des mondes fusent
Sur chacun la vie grouille
Mais au fait
Personne ne se lève
 
         ***
 
C'était supposé
Être une balade océane l'après midi
Voilà que ça se transformait
En un matin Luther King
Dans les quartiers humides de Memphis
Deux morts deux King une ville si il en est
Un jour dans une ville sans nom
Je recherchais une imperméable rumeur
Une parcelle praticable
Une luminescence
Une passerelle vers l'homme du silence
L'homme de rien donc de tout
On le localise on l'enserre
Vite on le détruit
De ses cendres naquit
L'homo-Visio
Avec un troisième oeil
Placé plus bas que la nuque
 
            ***
 
C'était une promenade l'après midi
Rien qu'une promenade sur la plage
Et les coquillages qui caracolent
Des funérailles
Mister B et moi même
Et de la poissonaille
Mais dans mes souvenirs
C'était toi seule
Qui avait tracé les pas
D'où je ne venais pas
Par ou je n'allais pas
Je t'ai regardé passer
En ces temps là j'espérais
Comme il était permis
Peut-être au delà
Misérable certainement pas
C'était un voyage jusqu'à l'os
Un transfert télé organisé
Au fatal dénouement
Comme un bouquet de bonheur
Qui explose au printemps
Tant pis pour ce qui coince
J'oubliai un instant
Cette folle déambulation
Elle était moins sarcastique
Que sapristique
Elle clamait amère
Qu'elle avait soif
 
        ***
 
Mister B avait à faire
Sur Mac Adam avenue
Je n'y avais rien à faire
Mais j'y allai quand même
Avez vous déjà collé des étoiles
Sur un ciel d'eau salée
Et regardé pisser le soleil
Tant il s'esclaffe
Le soleil se lassait
Tendrement des étoiles
Tombaient une à une
Certaines dans l'eau
D'autres dans mon filet à papillons
 
             ***
 
Des feux follets constellés
Le téléphone laissa entendre
Un filet suspect
Insinuation d'un pipi harmonique
Cinique et synthétique
Au regard de la sensation
J'appris comme une mauvaise blague
Que le ciel se vidait de ses occupants
Si il apparaissait que le ciel se trompe
Si c'est le ciel qui se fourvoye
Mais que passe par ici
La proue de pacotille d'un paquebot
Quand celui-ci arbore
En lettres distinctes TITANIC
Quand il semble bien improbable
Qu'il fut si bas
Il était bas pourtant
Pourquoi des dames et des quidams
Des messieurs en tenue de soirée
Pourquoi des mains que l'on tend
Pourquoi des gants que l'on baise
Et que fait ici le cap'tain Smith
Non vraiment tout ceci ne rimait pas
 
              ***
 
Bonne nouvelle au final
Cessation de mouvements
Ions positifs atomes hâtifs
Tout se figea
Que l'aube arrive
J'appartiens à une aube habitée
A l'heure qu'il est désormais
Je serai toujours
Trop loin de chez moi
 
           ***
 
Les yeux me piquèrent
Il fallu se battre
Trancher vif guerroyer
Guillotiner aussi et oui
Pas même une âme malfaisante
Rien que moi et mon double en toc
Ma combinaison
Une grenouillère en goguette
Prenait l'eau
Goûte après goûte
De l'eau salée
Je laissai aller
Les paupières lourdes
J'entrécoutais j'entrevoyais
Sur le bord de l'allée centrale
Passe un enfant un vélo rouge
J'imagine qu'il doit avoir
Dans les six ans
J'imagine qu'il me fera un beau sourire
Quand nous nous croiserons
Un sourire virginal et malicieux
Il continuera son chemin
Il portait un gros pull rouge vif
Qui le rendait plus lumineux que son vélo
Je me souviens de ce pull rouge
Comme du vélo
 
         ***
            
Nos songes d'autrefois
Le petit Norodom
Du sixième étage
A pleuré toute la nuit
Réclamant son sceptre et sa couronne
Qu'on lui tendit pour qu'il rêve
On lui remit aussi
Une sorte de hochet
Et l'enfant sur les hauteurs s'envola
Sombrant paradoxalement
Presque aussitôt
Dans un drôle de sommeil oriental
Les deux mains
Sur une guimauve géante
Au couleurs de l'innocence
Les deux jambes
Bien calées
Sur le dos d'un dragon
Tout d'azur et d'argent
Survolant d'est en ouest
Des territoires hérissés d'interdits
Des burkas des tchadors
En nombre croissant
J'avance dans de la cire perdue



09/07/2013
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